Rapport d’enquête sur le maintien de l’ordre à Bordeaux du 17 Novembre 2018 au 16 Février 2019

« Une politique d’intimidation »

« Si l’Humanité échoue à concilier la justice et la liberté,
alors elle échoue à tout. »

Albert Camus  ( Version féminisée )

L’Observatoire Girondin des Libertés Publiques publie son rapport d’observation sur le maintien de l’ordre à Bordeaux sur la période du 17 Novembre 2018 au 16 Février 2019.

Voici le sommaire :

1 Choix méthodologiques

2 Une politique d’escalade de la violence

2.1  Manifestations des 1er et 8 Décembre 2018 à Bordeaux : Les faits

2.2  L’absence de politique de communication pacificatrice

2.3  Des sommations inexistantes, inaudibles ou artificielles     

2.4  Une communication agressive        

2.5  Des dispositifs sources de tension 

  • La mairie de Bordeaux : des barrages policiers pour protéger un palais fortifié
  • Les brigades anticriminalité (BAC) et autres forces non-spécialisées dans le maintien de l’ordre
  • Le retour des Pelotons voltigeurs mobiles (PVM)
  • La pratique des nasses (ou kettling)

3 La répression des manifestations lycéennes 

4 L’usage non-maîtrisé et dangereux des armes             

4.1. Liste des armes qui équipent la police et la gendarmerie pour le maintien de l’ordre.         

4.2. Traumatismes psychologiques et physiques liés a l’usage des armes sur les personnes.    

4.3. Synthèse des blessures lors des manifestations des Gilets Jaunes. (témoignages)               

  • Grenades GLI-F4 (sur 3 témoignages)
  • LBD-40  (sur 26 témoignages)
  • Grenade, type non identifiée ( sur 1 témoignage)
  • Lacrymogènes ( sur 3 témoignages )
  • Arrestation ( 3 témoignages )

5 La répression judiciaire            

  • Sur les entraves à la liberté de manifester         
  • Sur les gardes à vue 
  • Sur le traitement judiciaire des procédures à l’encontre des manifestant·es gilets jaunes    
  • Sur les comparutions immédiates   
  • Sur les convocations par officier de police judiciaire    
  • Sur les autres modalités de poursuites         

6 Conclusions

COMMUNIQUÉ DE PRESSE du 13 Avril 2019

Le Samedi 30 Mars 2019 à Bordeaux les violences policières contre les manifestants et les manifestantes ont franchi un nouveau palier : vers 17h nous avons assisté à une intervention particulièrement grave à l’intérieur du bar- tabac du Marché, place des Capucins.

A la suite d’une charge sans sommation, avec usage de grenades, des manifestants et manifestantes se sont réfugié.es dans le bar-tabac. Des forces de l’ordre ont alors pénétré violemment dans cet établissement, ont porté des coups de matraque sur des personnes présentes et ont cassé du mobilier pour faire sortir manu militari les manifestant.es qui s’y étaient réfugié.es. Des clients et clientes ainsi que des enfants étaient présent.es et terrorisé.es. Des images montrent des policiers munis de LBD-40 visant des personnes dans la rue, à hauteur de tête.

Ces personnes ne présentaient aucune menace ni pour l’ordre public ni pour les forces de l’ordre et nous considérons que cette intervention inadmissible relève de la volonté de terroriser les Gilets Jaunes et de les dissuader de manifester.

Le samedi 6 avril, en fin de manifestation cours d’Albret, toutes les issues sont condamnées par les forces de l’ordre, ce qui oblige les manifestant.es à se rendre dans une rue interdite de manifestation par arrêté préfectoral. La police attendait les Gilets Jaunes dans les rues adjacentes et a alors verbalisé un grand nombre de Gilets Jaunes par des contraventions à 135 euros.

Ce même Samedi 6 Avril 2019 les street-medics ont été interpellés par les forces de l’ordre vers 13h30, à proximité de la Place de la Bourse. Ils/elles se sont fait confisquer leur matériel de protection (casque, masque, lunettes) mais aussi leur matériel de communication (radio) ainsi que leur tee-shirts croix rouges ou croix bleues. Ils/elles ont été clairement menacé.es de devenir des cibles s’ils/elles s’affichaient à nouveau et menacé.es d’une amende à 135€ s’ils/elles manifestaient avec les Gilets Jaunes.

De plus, deux street- médics ont cherché à s’éloigner des contrôles. La police leur a tiré dessus avec des LBD-40 en les blessant. Ils ont dû être conduits à l’hôpital en urgence. Au moins trois street medics ont été placés en garde à vue afin de bien leur faire comprendre qu’ils ne doivent plus manifester le samedi avec les Gilets jaunes.

Cet acharnement policier contre ces bénévoles médicaux qui portent secours à tous les blessé.es dans les manifestations, autant Gilets Jaunes que policiers, et ce depuis le 17 novembre, est un acte politique grave. Les policiers ont évidemment agit sur ordre de leur hiérarchie, la préfecture, voire le ministère. Veulent-ils déstabiliser la lutte en s’attaquant à un symbole de solidarité ? Veulent-ils faire peur aux Gilets Jaunes pour affaiblir les manifestations et leurs soutiens alors que la lutte est ancrée dans la durée ? Cette stratégie politique est dangereuse pour les libertés publiques et individuelles. Elle renforce aussi la détermination des Gilets Jaunes et leur sentiment d’injustice. Par la dérive autoritaire qu’elle exprime et qui s’ajoute aux dernières lois liberticides, elle constitue une menace pour notre démocratie.

L’Observatoire girondin des libertés publiques avec : C.L.A.P. 33, FSU 33, Greenpeace Bordeaux, Libre pensée Gironde, Ligue des droits de l’Homme Gironde, SAF 33, ASSO Solidaires 33, Union Juive Française pour la Paix Aquitaine, AC! Gironde